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Zéphyrin Tarahu : Bilan d’une carrière au CMMPF

Après 15 ans dans la marine et plus de 18 ans en tant que formateur au centre des métiers de la mer de Polynésie française, il était temps pour Zéphyrin Tarahu de passer le relais. Il a pris tout récemment une retraite méritée. Il a pu nous accorder une interview qui lui a permis de revenir sur son parcours et d’adresser un message d’optimisme et d’encouragement à nos jeunes et moins jeunes.

Zéphyrin Tarahu vient de prendre sa retraite après 18 années passées au centre des métiers de la mer en tant que formateur. Zéphyrin est un professionnel de la mer expérimenté qui a dispensé de nombreuses formations, notamment celles délocalisées dans les îles : certificat matelot pont, brevet de capitaine 200, certificat d’initiation pêche, certificat de patron lagonaire pêche et culture marine…

Pêcheur au fusil ayant représenté la Polynésie lors des championnats du monde de pêche sous-marine et maîtrisant la langue tahitienne, Zéphyrin a su se faire apprécier par ses élèves en formant des générations de jeunes polynésiens aux métiers de la mer. Ses 15 ans dans la marine nationale lui ont également donné la rigueur nécessaire aux métiers de l’enseignement. Toute l’équipe du CMMPF souhaite remercier Zéphyrin pour tout ce qu’il a donné au Centre et aux jeunes durant ses 18 ans de carrière, et surtout lui souhaiter une belle retraite !

Parole à Zéphyrin Tarahu :

C’est une page qui se tourne ?

« 18 ans et quelques mois passés dans le centre des métiers de la mer, ce n’est pas rien, c’est une carrière. Cela m’a fait bizarre quand j’ai déposé mon ordinateur, quand j’ai vidé tout ce qu’il y avait dedans en me disant que c’était fini. Mais j’ai pu en profiter jusqu’au bout avec les copains du travail. »

Que retiens-tu de toutes ces années ?

« N’importe quel formateur se retrouverait dans mes mots, je pense ; on ne peut que penser à tout ce que l’on a pu partager pendant ces années avec toutes ces personnes que l’on a connues, différentes les unes des autres. Avec ces personnes aux profils différents, on a essayé de faire quelque chose. La satisfaction c’est d’arriver au bout, de satisfaire les stagiaires comme le centre de formation. »

C’est une satisfaction d’avoir formé les habitants des îles ?

« Oui, d’ailleurs je remercie M.François Voirin, mon ancien directeur à l’IFM-PC ( ancien nom du CMMPF), qui a initié  les formations délocalisées. Cela a permis aux stagiaires de rester dans leurs îles, de suivre une formation professionnelle du début jusqu’à la fin, – jusqu’aux examens -, dans leur île d’origine, ça c’est formidable. »

Sais-tu si une relève a été prévue à ce niveau-là ?

« J’ai beaucoup partagé lorsque je faisais mes missions dans les îles. Les jeunes étaient impressionnés par ce gars, ce formateur qui avait été sélectionné dans les différents championnats du monde de pêche, avec un palmarès. Ils se disaient ‘oui, j’ai envie d’apprendre avec ce gars-là’. Cela a été un honneur pour moi d’avoir partagé mon savoir avec eux. Depuis deux ans déjà, un prestataire de service a été mis en place, je ne peux que lui adresser tous mes vœux de réussite. »

Es-tu optimiste pour la suite ?

« Lorsque j’ai commencé en 2005 à l’IFM-PC, on ne faisait que des formations de marine marchande. Ensuite, dans les années 2012-2013, les formations pêche ont été inclues et aujourd’hui on va jusqu’aux formations perliculture, plongée en bouteille, aquaculture…Il y a un avenir pour les jeunes dans ces secteurs, il faut être positif à ce niveau-là. Aujourd’hui, le poisson devient de plus en plus rare, surtout dans les îles de la Société. On ne pourra pas éternellement compter sur le poisson des Tuamotu parce qu’à un moment donné, le stock va s’épuiser. L’aquaculture, c’est l’avenir. Le Polynésien, c’est un mangeur de poisson pas un mangeur de steak frites donc il faut aller dans ce sens-là. »

Quelle a été l’évolution depuis ton arrivée ?

« C’est beaucoup plus compliqué pour les jeunes aujourd’hui. J’ai des enfants qui ont du mal à trouver du travail, ce n’est pas évident, même avec les diplômes. Personnellement, je conseillerai aux jeunes de se diriger vers le secteur primaire : l’agriculture, la pêche…en gros l’exploitation des ressources naturelles mais de manière durable, comme avec l’aquaculture. Et puis cela met quelque chose sur la table pour nourrir sa famille. J’incite les jeunes à s’y mettre à fond. »

Un dernier mot, un remerciement ?

« Encore une fois, je remercie tous les directeurs de l’IFM-PC et du CMMPF qui ont fait tourner ce centre, ce qui n’est pas facile. Je dis bon courage à tous mes collègues qui vont me succéder dans le nouveau centre tout neuf. Au début, ce sera peut-être compliqué de prendre ses marques, mais je compte sur eux. Ce sont des professionnels qui ont de grandes capacités, fa’ito’ito pour la suite. Pour finir, je m’adresserai à nos jeunes et moins jeunes : n’hésitez pas à venir en formation dans le tourisme, dans la pêche, dans la marine marchande, il y a des ouvertures. »