Le Centre des Métiers de la Mer de Polynésie française souhaite relever le niveau de ses formations. Pour cela, il a recruté plusieurs formateurs de métropole dont Fabien Duval que nous vous présentons aujourd’hui. Le CMMPF doit également déménager courant 2022 pour des locaux plus spacieux et mieux équipés afin de mieux répondre à la demande.
Fabien Duval a débuté sa carrière professionnelle à 15 ans en étant simple pêcheur. Puis, il a pratiqué l’ostréiculture en Corse et en Normandie, ce qui lui a permis de mettre de l’argent de côté pour financer ses études. Il a ensuite présenté le concours d’entrée à l’école nationale supérieure maritime (ENSM) ce qui lui a permis de devenir officier de première classe de la marine marchande après 3 ans d’étude. À la suite de quelques années de navigation, il a bouclé une dernière année de formation pour devenir capitaine illimité et chef-mécanicien. Pendant une dizaine d’années et après s’être formé en tant qu’officier polyvalent pont et machine, Fabien Duval a navigué essentiellement sur des porte-conteneurs de 300 mètres et sur des ferries.
Le Centre des Métiers de la Mer de Polynésie française a pu l’intégrer dans son équipe de formateurs il y a quatre mois en tant que chargé d’ingénierie de formation professionnelle. Le CMMPF souhaite relever le niveau de ses formations grâce au recrutement de formateurs hautement qualifiés.
Parole à Fabien Duval, 38 ans :
Votre parcours ? Votre arrivée en Polynésie ?
« Cela faisait neuf ans que j’étais enseignant à l’ENSM, un peu dans tous les domaines, la navigation, la sécurité…J’ai fait aussi beaucoup de thermodynamique, de mécanique navale, beaucoup de simulateurs de navigation et de machines…L’expérience au Havre était rude au niveau climat comme au niveau ambiance donc j’ai cherché à venir ici car il y avait un fort besoin en formation et un énorme potentiel dans le maritime en général. On est au milieu de l’océan, c’est l’endroit propice pour former des marins. »
De simple pêcheur à capitaine illimité, votre analyse de ce parcours ?
« J’ai travaillé sur des bateaux de pêche pendant quelques années ce qui m’a permis d’accumuler suffisamment d’argent pour me payer des études qui ont duré cinq ans en tout. J’ai tout fait d’un coup mais on peut aussi y aller étape par étape, comme on fait ici, en passant par le certificat matelot pont, le capitaine 200, 500 puis officier chef de quart passerelle puis capitaine illimité, tout en alternant avec des campagnes de pêche, de navigation. Ici c’est particulier puisque c’est le Pays qui encadre tout ce qui est pêche alors que c’est l’Etat qui encadre tout ce qui est marine marchande. On est sur deux régimes un peu différents mais les deux peuvent se rejoindre. »
Votre ressenti par rapport à la Polynésie et les élèves que vous rencontrez ?
« Ce sont des élèves très motivés qui sont volontaires et qui ne sont pas là par défaut, qui ont vraiment choisi leur vocation, leur voie. C’est vraiment intéressant de travailler avec des élèves comme ça, cela change tout. »
Votre venue s’inscrit dans un schéma de développement du CMMPF ?
« On essaye de développer les formations elles-mêmes, les demandes d’agrément, les supports de cours qui vont avec les travaux pratiques etc…L’objectif de ma venue est de faire en sorte de ne pas obliger les personnes à partir en métropole pour atteindre ce niveau de qualification, pour pouvoir former ici des officiers de haut niveau. L’idée c’est que le Pays puisse être autonome en termes de formation maritime que cela soit au niveau du commerce, de la pêche, du tourisme…tous ces domaines qui ont un potentiel énorme ici en Polynésie. »
Vous avez pu piloter des bateaux de quelle taille ? Quelles sont les qualités requises ?
« Des porte-conteneurs de 300-350 mètres et de 60 000 tonnes de charge. Pour piloter ce genre de bateau, il faut un certain calme et de la rigueur. Il faut aussi de la réactivité et il faut anticiper en permanence. Il faut aussi savoir entretenir de bonnes relations humaines, il faut savoir écouter tout en sachant encadrer et diriger. Je pense que tous les marins ont « de l’eau de mer dans les veines ». Si on veut être marin, il y a cette proximité avec le milieu maritime, c’est un peu comme si on était nés dans la mer. »
Un dernier mot ?
« Il ne faut pas lâcher, ne pas s’arrêter à des difficultés administratives ou des difficultés humaines ou de caractère. Il faut se dire qu’il n’y aura jamais de murs complètement bloquants, il y a toujours une porte de sortie, quelque chose qui fera qu’on y arrivera au final. »