Ariinui Temai est actuellement en formation au centre des métiers de la mer en vue d’obtenir le brevet de capitaine 200. Le maire de la commune de Rangiroa, Mr Tahuhu Mareura, souhaite professionnaliser la police maritime qui gère Rangiroa mais aussi Tikehau, Mataiva et Makatea. Avoir ce type de brevet pour naviguer dans un des lagons les plus grands du monde et en dehors ne sera pas de trop. Rencontre.
Age : 33 ans
Origine : Rangiroa
Métier : Policier Municipal
Formations effectuées : Certificat de pilote lagonaire, Certificat de matelot pont, diverses formations à la sécurité, Brevet de capitaine 200 (en cours)
Sa philosophie : « Prenons la mer, pas les risques ! »
Ariinui Temai suit actuellement une formation au brevet de capitaine 200 au centre des métiers de la mer de Polynésie française. Après avoir grandi à Rangiroa, il a fait sa scolarité à Tahiti avant de revenir une première fois dans son île pour être professeur de tahitien vacataire. Il est ensuite reparti pour Tahiti en 2010 pour faire partie des premières sessions de formation de gendarme réserviste et suivre d’autres formations liées à la sécurité avant d’intégrer la police municipale de Rangiroa en 2017.
C’est dans le cadre de la professionnalisation de la police maritime que le maire de la commune de Rangiroa, Mr Tahuhu Maraeura, l’a incité à se former au brevet de capitaine 200 pour répondre à divers besoins. La commune regroupe les îles de Rangiroa, Mataiva, Makatea et Tikehau et les policiers sont amenés à faire des déplacements inter-îles avec ou sans passagers, de jour comme de nuit.
Parole à Ariinui Temai :
Il y a des conditions de navigation particulières à Rangiroa, un des plus grands atolls au monde ?
« A l’intérieur de l’atoll, quand tu traverses le lagon dans sa plus grande largeur, il fait 33-34 km, et 80-83 km dans sa plus grande longueur ! Il peut y avoir des creux de 2m-2m50 au milieu du lagon, c’est comme si tu étais au large. Avec la tempête, la pluie, s’il y a des interventions sur les îlots, on doit y aller. Pareil pour Tikehau, Mataiva et Makatea, s’il faut y aller, il faut y aller. D’où l’importance d’avoir des notions de navigation et les titres qu’il faut pour naviguer. »
Il y a des notions de prudence, de respect des éléments ?
« Oui, comme dans tout métier, il faut être prudent. La mer ce n’est pas un jeu. Quand c’est calme, ça va, quand c’est déchainé, c’est assez difficile. Sur l’atoll, on a une navette, le Tamari’i Rairoa, c’est un 17 mètres avec 40 places. Des fois, on fait les transferts de personnes inter-îles quand il y a des évènements, pour le rapatriement des scolaires sur Makatea…Si j’obtenais mon brevet, je pourrais être amené à piloter le bateau. Sinon, la police municipale a son bateau qui fait des trajets inter-îles dans le cadre d’interventions, on appelle ça la vedette rapide. »
Les particularités de la navigation aux Tuamotu ?
« Les entrées de passe c’est délicat, il faut connaître le balisage pour éviter d’aller sur les ‘patates’. Entre chaque île, au large, il y a différents courants qu’il faut connaître aussi pour ne pas se laisser emporter. A partir du moment où tu dépasses l’atoll, tu ne vois plus derrière, tu ne vois plus devant, il faut savoir se repérer. On a l’avantage aujourd’hui d’avoir le GPS, le pilote automatique, le compas, c’est plus facile mais il faut toujours rester prudent. Comme je le dis toujours ‘prenons la mer, pas les risques’. »
Qu’est-ce qui t’a poussé vers les métiers de la mer ?
« A la base, je suis pêcheur. J’ai grandi près de la mer. Aux Tuamotu, l’océan est très présent. Avec mon métier dans la police, j’ai la chance de faire quelque chose que j’aime mais la pêche cela ne s’oublie pas. Même si tu fais un travail à côté, la pêche est toujours là. Là je continue de pêcher mais au fusil, en bateau un peu moins. Du coup, être capitaine, c’est plus pour le travail, c’est un poste à responsabilité, il y a la responsabilité du navire et des occupants. S’il y a une avarie, s’il faut abandonner le navire, c’est au capitaine de tout gérer. »
Un dernier mot, un message ?
« Je voudrais m’adresser à nos jeunes, ceux qui aiment la mer, pour leur rappeler que le CMMPF existe. L’avantage, c’est que c’est sur Papeete, cela reste accessible, on va dire, même si tu viens des îles. Tu as différentes formations, tu as le choix, il faut juste se lancer et après, c’est un grand fa’ito’ito. Moi j’ai été soutenu par mon Tavana, le maire de la commune, merci à lui. »